Une intimité partagée.

L’atmosphère est pesante, malsaine, il fait sombre. Seul un maigre faisceau de lumière ose se montrer à la rainure de la porte laissant percevoir une table, une chaise et un lit comme unique mobilier. Une pesante chaleur m’opprime et accélère les vas et viens de chaque bouffée d’air. Je me lève, tourne sur moi-même en fermant les yeux…Lorsque je les ouvre à nouveau, la pièce dans laquelle je me trouvais a disparu laissant place à un amas de verdure. J’avance peu à peu dans cette forêt, il fait nuit, une légère brise caresse mon visage, mon corps… Je suis nue au milieu des bois sans savoir pourquoi mais je continue d’avancer, il le faut, je suis inquiète, il faut presser le pas… J’entends des bruits, des voix de plus en plus audibles, je me demande d’où elles proviennent. Les sons deviennent plus clairs, et les images plus floues… Je quitte cette forêt peu à peu regagnant un semblant de réalité.

Le réveille est difficile, j’ai ce sentiment étrange d’être encore dans ce rêve, il semblait si réel. J’avais l’impression de revivre une période de ma vie… Peut être celle avant ma venue sur Lonedonne … Pour la première fois, mon passé semblait vouloir refaire surface. Où étais-je, et pourquoi ce sentiment d’effroi, de tourment ?

Ces voix je les entendais clairement maintenant. Elles semblaient provenir de la cuisine. Je me levais déçue de prime abord ne n’avoir pu aller plus loin dans ce rêve que j’avais le sentiment d’avoir déjà vécue et d’autre part, la femme que je suis était plutôt curieuse de savoir ce qui se tramait dans la cuisine.

Je me levais, me refis une beauté avant de sortir de ma cabine. J’avançais alors à pas de loup et ouvris discrètement la porte.

Presque tous les membres de l’équipage étaient présents. La petite Eva à qui j’adressais un regard attendri. Je ne la connaissais pas et pourtant cette jeune demoiselle qui semblait ne jamais quitter sa peluche me touchait véritablement, peut être à cause de sa frimousse angélique. La rouquine au tempérament de feu était présente elle aussi tout comme la muette. Le capitaine lui aussi était présent. Surprise de le retrouver derrière les fourneaux. A ses côtés, une Sylphelyne…Je ne savais qui elle était mais si elle se trouvait dans notre cuisine, qui plus est à aider à l’élaboration d’un repas, c’est sans nul doute qu’elle devait être de doute confiance.

Silencieuse, je les observais les uns après les autres réalisant que je ne les connaissais quasiment pas, voir pour certaines pas du tout.

Je présumais que ce repas organisé par le Capitaine était une fois de plus, un stratagème pour renforcer nos liens, pour que l’on échange davantage qu’un simple geste en guise de bonjour.

Chacun semblait y mettre du sien, aussi je décidais d’en faire de même. Je m’approchais alors de la jeune femme dont je ne connaissais le nom lui proposant alors mon aide.