Un invité, un visiteur... un captif ?

Depuis la passerelle

Le pont est désert.
Merde.
Il va falloir faire faire un rien de tourisme à la bestiole, histoire qu'il ne se doute pas.

Après quelques pas je me tourne, toujours mon espèce de sourire plaqué sur les traits. Parler fort. Il entendra peut-être.

Bienvenue à bord de la Desdichada, messire... messire ?

C'est vrai ça. Il s'appelle comment ce rat ?

Tu imagine sérieusement que si le moindre doute m'avais effleuré la moustache, j'eu posé la moindre griffe sur ce bateau ?

Tes yeux refletent la curiosité, mais pas l'envie de tuer. Pas encore.

Quand à mes sarcasmes, visiblement ils ne t'ont pas encore donnés l'envie d'écraser ton joli poing sur mes os.
Tant mieux, parce que sans sarcasme, je peux pas vivre.

Le bateau est de bonne facture, et est même plutôt joli sans être quelquonque. J'ignore qui a construit cette merveille, mais il savait assurément comment le faire.

Bienvenue à bord de la Desdichada, messire... messire ?

Desdichada....... Danahel, juste Danahel. Et vous ?

Je passe mes griffes sur le bois, doucement, sans le rayer. Mon sang frappe mes doigts à force de pression, me donnant la sensation que ce bateau palpite, comme s'il était vivant.

La rousse cherche des yeux quelque chose. Ou quelqu'un.

Message reçu, mam'selle, on va voir quelqu'un.

Magnifique bateau. Magnifique... Et si spacieux pour deux jeunes femmes seules. Trop spacieux pour deux jeunes femmes seules. Vous n'etes pas seules j'imagine ?



[Hrp] J'ai changé de couleur de dialogue, je laisse le bleu foncé à Youtcha ; ) ca evitera qu'on confonde si un dialogue entre nous deux arrive[/Hrp]

Non, en effet.
Elles ne sont pas seules, Messire Danahel.
Comment trouvez vous notre jonque, sire ratling ?
Un ratling qui grimpe sur un navire, je suppose que c'est un bon présage....

Je les ai entendu monter. J'ai reconnu le pas caressant de Djaya, circonspect de Silenci et cet autre pas, plus court, plus massif aussi. Un nain, ou un ratling, ai-je pensé.

Puis les voix traversant le pont, comme des brises. J'étais sorti de la timonerie. Un ratling... Forcément, on se méfie...
La plupart des ratlings que je connaissais n'étaient pas des enfants de choeur.
Quoique lui était un habitué du port....
Mais bon, entouré de nous trois, sur notre bâtiment.... On ne risquait pas grand chose...
Nous....

Suivante éternelle , se laisse oublier.
Toujours un atout quand dans l'esprit des autres , notre présence s,efface.
Surprise plus a notre avantage.
Car , soi , on se rappelle.
Flegmatique sourire a Six, l'entendant faire son entrée.
Quelques pas derrière , reste a l'ombre, vigilante.

Drôle de penser qu,il pourrait y avoir un Rat d'eau sur la jonque...
Toujours bon d'avoir un radeau, mais un rat d'eau, idem?
Les laisse discourir, prenant son couteau, sculptant un bout de bois.
Idée folle de faire un sifflet ou une flûte ... pour Eva.
Premier essai.

Un bon présage ? Pour qui ?
Je suis dingue. Mais que diable allais-je faire dans cette jonque ?!
Suis-je en danger de mort dans l'immédiat ? Il ne semble pas, mais tout peut encore arriver.
Je ne suis plus très à l'aise : Trois, c'est déjà trois de plus que moi.
J'ai le choix... Soit je continue à rester arrogant et pitre, soit je prend mon courage et mes chances de survie à deux mains et je reste sérieux avec un minimum de contenance.

Oui, mais j'avoue ne pas être forcément à mon aise. Je comprend la méfiance qu'inspire les gens de ma race, mais c'est une méfiance injustifiée me concernant !

Je... Hum... Fuis la ville.... Accepteriez vous que je me joigne à ce curieux équipage ?


Voilà, c'est dis. Je vais maintenant probablement me faire jeter à la flotte. Ou tuer. Ou les deux.

Il y a plein de petits détails, comme ça, au détour d'une conversation, d'une phrase, un sourire en réaction ou un haussement de sourcil perplexe qui me conforte et me rassure dans le choix de cet équipage.

Djaya. Tant de ressemblances et tant de différences... Comme si on avait vécu les mêmes choses mais différemment. Ce qui est peut être le cas, il faudrait que je creuse l'idée...

Comme moi, elle se méfie instinctivement du ratling. Evidemment... Suint, La Strychnine, le maquignon Onos... On les connait...
Mais elle a tiqué sur la dissimulation des intentions. Le ratling ne sera sauvé, avec elle, qui s'il est franc.
Moi, c'est autre chose qui me fait réagir.
J'enchaine derrière la rousse, véritable interrogatoire pour le rongeur, avec Silenci, de marbre, dans son dos :

Tu fuis ?... Tu fuis quoi exactement ? Ou qui ?

Alors c'est tout ? De la curiosité ?
Pas de violence physique, ni de rire, ni d'injures...
Juste de la curiosité.

...

Ces personnes sont assez malines pour rester prudentes, même envers quelqu'un en infériorité numérique, et assez sympathique pour me faire visiter ce chef d'œuvre flottant. Le capitaine ne parait pas surpris de ma question pourtant incongru, à l'inverse de la dame rousse : Son visage à elle me fait penser à un barrage qui menace de céder sous les flots d'émotions qu'elle refoule. Sa surprise fut une petite fuite, qu'elle colmata aussitôt en se fermant à nouveau, le bouchant de son doigt.

De ma patte droite, je lissa une de mes moustaches, puis pris une profonde inspiration.

Je suis né Ratling, dans Lonnedonne. Mon pére était un gangster minable qui ne revais que de fortune facile, ma mere m'avais offert en cadeau de rupture à celui ci et il me vis aussitôt comme deux patte de plus dans l'entreprise qu'il monta, engrenage par engrenage. Les mois passèrent, les années également puis je grandis dans cette ambiance mafieuse, croyant à toutes ces connerie de la loi du plus fort.

Je me mit à tuer, voler, tout ceci plus dans l'optique de l'amusement que de l'argent, même si le second était presque aussi attrayant. Tout ceci n'était qu'un jeu : recevoir un contrat, abattre, être payé.
Mais malgré cela, j'étais franchement nul, j'accumulais gaffes sur bourdes et si l'entreprise familiale tenait debout, ce n'était pas franchement grâce à moi.
La seule raison pour laquelle mon père et patron continuait à m'employer, c'était notre sang commun et sa passion pour la boisson qui altérais son rapport envers la réalité.



Ma voix s'errailla, et mon regard porta sur eux. Je n'aime pas les monologues, mais je n'ai rien de précieux à cacher. Et si cela pouvait les convaincre de me faire confiance.
Je repris d'une voix monotone :


Puis, un événement bizarre survint et me décrocha de ma vie erronée. Tué, puis transformé en nuage éthéré, je suis parvenu à revenir en vie mais en elfe.
Je n'ai pas osé me présenter à mon père, ayant honte de ma forme corporelle, et pendant des mois je survécu en volant à l'étalage, puis je me sevra peu à peu de mes pulsions d'assassinats sans consciences...

Quand un an plus tard mon souhait que je formula auprès de Dieu de redevenir Ratling fut exaucé, j'étais décidé à retourner auprès du paternel pour démissionner officiellement et lui faire savoir que j'étais en vie.
L'entreprise avait coulé pendant mon absence, nullement par mon manque de présence mais par une situation économique désastreuse, aidée par une mauvaise gestion de mon père.
Celui ci m'accueillis froidement, me mis son déficit sur le dos puis tenta de me tuer quand je lui fis pars de ma décision de ne rien rembourser de ma pseudo dette.
Il n'a pas réussi à me toucher, être vieux et alcoolique n'arrange rien à un tireur qui était déjà mauvais à son apogée.

C'était il y a quelques mois. Maintenant je quitte la ville parce que je ne la supporte plus. Et je ne savais pas trop quoi faire, alors je suis venu ici. Sans intentions préméditées.


Je suis à bout de souffle. La dernière partie a été débobiné d'un seul trait.
J'espère que cette clarification des choses radicales dissipera les soupçons.

Je me sens quelque peu tout nu.

Je ne lui ai jamais répondu. L'histoire était vrai, et le reste n'a pas d'importance.

- Je peux réparer ce qui se casse... J'ai peu ou prou de qualitées, mais celle ci en fait partie. Pour le reste, ca peut sembler étrange mais malgrés mon pelage et mes dents, je suis quelqu'un de confiance. S'il vous plait...