Vogue sur les flots !!!

Des pavés.
Encore et toujours des pavés.
Je cours à en perdre haleine. Les carrés alignés au sol méthodiquement commencent à me brouiller la vue.
Le bruit de mes pas qui claquent sur le pavé m'emplis les oreilles.

Le vent souffle.
De plus en plus fort.
Soulevant mes vêtements, tentant par la même occasion de me les chaparder de ses mains habiles et sournoises.
Et mes cheveux se mêlent à cette danse du vent, fouettant mon visage et mon dos comme des lanières de soie. Ne laissant pas de marque. Juste leur caresse sauvage sur ma peau.

De tout ça je n'en ai cure.

Derrière moi les éléments se déchaînent.
Colère des Dieux.
Et moi je fuis. Vers quoi ?
Vers un avenir incertain.
Mais un avenir promis !
J'ai la vie devant moi et la Mort aux trousses.
Alors j'ai choisi. J'ai fais ce choix qui m'appelait depuis très longtemps.
Appel sourd qui s'insinuait de plus en plus en moi et appel que je refrénais à chaque fois.
Mais maintenant il est temps.

D'ailleurs je voie au loin Sa prestance. Sa grandeur.
J'y suis enfin arrivée. Au bout de ce quai.
Et Elle m'attend. La Jonque.
Ils m'attendent. Ses Danseurs.
Alors je redouble d'effort, luttant toujours contre les éléments.

Maintenant il est temps.
Temps de saisir la rambarde faite de vieux bois. Rambarde qui craque légèrement au contact de ma main qui l'enserre. Main qui caresse lentement le bois vieilli.
Je ne voie rien du pont. Pas encore ...
Alors je reprend ma marche lentement.
Pas à pas.
Marche après marche.
Suspendue entre deux monde et le vide sous mon corps.
Cheveux et vêtements fouettant comme pour me dire "ne monte pas !!!".
Mais ... il est temps maintenant ...

Me voilà en haut, je franchis le dernière marche et pose un pied sur le pont en levant la tête, cheveux dans les yeux, yeux humides ...

Me voilà, encore sur le pont, regardant les étoiles et la tempête qui se prépare. Ah, que j'aime ses balades nocturnes, tranquilles, sans le moindre cri, bousculade. Bref enfin paissible!
Et puis ce son, régulié. Une repiration, alletante. Cela s'approche. Vite, trop vite. Alors je me prépare à toutes éventualitées.

Une tête ébourrifée m'apparaît. Je ne l'a connaît pas mais son regard ne semble pas emprunt d'une quelconque haine. Encore une qui a besoin d'aide. Ou d'autre chose, qui sait? Une amante éperdue?

-Puis-je vous aider?

Mes yeux se sont finalement posés sur la Voguante.
Sur le pont.
Ses rambardes.
Ses cordages.
Sur ... une femme.
Qui me salue et me propose son aide.

Un peu déboussolée je la regarde. Muette. Perdue.
Derrière moi le retentissement de la colère des Dieux s'est tut.
Une fois sur le bateau c'est comme si plus rien ne pouvait m'arriver.

J'hoche un peu la tête pour reprendre mes esprits et m'avance vers celle qui me reçoit chez elle.


M'aider ?
Je ...
Oui. On m'a invitée à me réfugier ici même.


Mon regard s'enfuit, par delà le navire et ses cordages, vers les flots et l'horizon infini.
Je murmure.


Estendra ...
Et ... Djaya !
Et puis Six ...
Et ... Naru ...

Et vous ...


Je la regarde en souriant et lui prend les mains. Reconnaissante.

oulà oulà, elle est invitée et je ne suis pas au courant. Bon puisqu'elle n'a pas l'air méchante, je la laisse rentrer. Et puis Six verra bien ce qu'il en fera.

Ah beurg, pourquoi elle me prend les mains? Ok, elle est reconnaissante mais faut pas en faire trop quand même.

Je l'emmène donc dans la cabine du capitaine en espérant qu'il s'y trouve.