Les Danseurs d'Horizons
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vers quel horizon ?

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Message  Nerine Ven 27 Nov - 2:12

Des jours ont passés... des semaines... des mois ? Je ne sais plus, ça non. Je n'ai plus compté les jours depuis belle lurette. Je n'ai plus compté grand chose d'ailleurs, depuis ce jours où le bateau a levé l'encre.

Je ne compte plus les jours gris, ça non, ni les bouteilles, ni quoique ce soit, d'ailleurs. Une scientifique qui ne calcul plus rien.
A part peut-être la distance qui me sépare du fond de l'eau, ça oui. A quelle vitesse une grosse pierre peut-elle toucher le fond, ça oui ? Quelle masse doit-elle avoir pour entraîner sans difficulté un corps de... disons une trentaine de kilo, tout au plus.

Ça non, je préfère arrêter de compter ça, oui aussi, et m'éloigner du bord du quai.
Pas de beaucoup, ça non.
J'ai mis du temps à revenir ici, ça oui, au port. Là dernière fois que j'ai vu la mer, c'était dans un cauchemar.

Je regarde la ville derrière mois, ça oui et je n'ai plus envie de reculer, ça non. Pas envie de retourner dans ce monde, sur cette terre si ferme, si dure... qui aurait crue qu'un jour j'aurais le mal de terre ?
Et puis qu'est-ce qui m'attend, là-bas, ça oui ? Qu'est-ce qui me retient sur cette terre ? Une vie de chien, ça oui.

J'avais trouvé tout ce qu'il me manquait pour ne plus me sentir seule ou à part. J’avais trouvé une place, ça oui. Et ça a foutue le camp sur un bateau.
Les personnes auxquelles je tenais le plus et qui tenaient à moi. Ce que je n'imaginais même pas avoir dans ma vie de gob. Ce que je crains ne jamais retrouver.

Mais malgré tout, il faut continuer, ça oui. Allez jusqu'au bout de cette vie de gob. Mais vivre quoi ? Une autre guerre ? Une nouvelle épidémie transmise par des lapins enragés ? De nouvelles rencontres aussi, ça oui, mais quel genre de rencontre ?
Je me pose la question alors qu'au fond, je n'ai même pas envie de savoir.

Pourquoi je les ai laissé partir ? Où j'étais quand ils ont levés l'encre ?
Tout ça me parait tellement flou... Il faut dire qu'avec tout ce que j'ai consommé ce jour là, c'est pas étonnant qu'il ne me reste pas grand chose en mémoire.

Mais maintenant, ça oui, je me souviens que ça c'est passé ici, ça oui. J'ai pris une direction. Je ne sais plus trop comment, ça non... je crois que je n'ai pas envie de savoir... rien que de me demander pourquoi ou comment, je me met à tiquer de l'œil, ça oui et à avoir les viscères qui se tordent.
Je voyais trois directions, ça oui (la dernière fois que j'ai compté quelque chose). Vers la terre, ça oui, vers les vagues, ou vers le fond.
Je me suis réfugiée vers la terre, ça oui, loin du fond, loin des vagues ça oui aussi...
Et maintenant que je reviens, ça oui, à la croisée des chemins, je n'en voit plus que deux, ça oui, des directions. L'une sent les poubelles, ça oui, l'autre est en bas, si je me penche au dessus de l'eau.

Inutile d'y penser, ça non. Je sais que je ne prendrais pas cette direction. Il n'y a rien qui m'attend en bas. Et c'est pas mon genre de me laisser couler, ça non. Même avec une enclume accrochée à chaque cheville, je serais foutu de remonter à la surface. Ce n'est pas ce que je veux, ça non.
Alors une fois que j'en suis enfin persuadée, je viens m'assoir au bords, ça oui, les pieds pendants dans le vide.
Une petite impulsion, ou juste me pencher un peu trop ça oui, ce serait suffisant pour y aller, ça oui, mais... mais ça non, de doute façon, je tomberais la tête la première sur cette barque. Qui c'est qui a mis ça là, ça oui ?!

Une barque... et puis une idée folle qui me fait relever la tête vers l'horizon.
La mer est calme. Pourquoi pas ...
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Message  Nerine Sam 28 Nov - 2:03

Le lendemain je reviens sur les quais, ça oui, avec quelques sacs chargés de provisions pour un voyage.
La barque que j'ai vu la veille ça oui ne semblant pas très sûre, j'ai racheté à un vieux marin à la retraite son bateau de pèche.

Les pavés du port sont si durs sous mes pieds, ça oui... fermes, solides, immobiles. Là bas, au large, ça oui, il y aura ce mouvement incessant, ça oui, celui auquel je m'étais habitué, ça oui, mais qui me fait peur à présent. Une peur que je ne comprend pas vraiment. La peur d'un roulis qui berce, danse abrutissante, ajoutant à l'ivresse due à l'abus de rhum.

Du rhum... ça non, c'est bon, je ne l'ai pas oublié. J'ai de quoi tenir un moment, ça oui.
Pour combien de temps je part, ça oui ? Je n'en sais rien. Ce voyage en solo dureras tant que je ne les aurais pas retrouvé ou jusqu'à ce que la terre me manque, ça oui.

C'est de la folie, ça oui. Cette mer si vaste qu'elle se courbe à l'horizon... où peuvent-ils bien être ?
Et si je ne les retrouve pas ? j'aurais fais le voyage pour rien ?
Ça non. Cette évasion, j'en ai besoin.
J'ai fuit la mer, ça oui, pour me réfugier sur terre. Maintenant, je file en douce de cette même terre qui m'a recueillie et part m'isoler au milieu des flots. Déjà les bruits du port et de ses gens bavards m'irritent. Leurs va et vient me sont insupportables. Si je reste je finirais par faire une bêtise au dépend du malheureux qui aura croisé ma route une fois de trop.
Je quitte ça oui, ces gens bruyants ou pressés parmi lesquels je ne trouve pas ma place. La mienne est parti sur un bateau. J'ai un dernier espoir de le retrouver, ça oui.
C'est complètement fou, ça oui, mais je dois tenter le coup. Ça ou mourir d'amertume et de regret.

Le bateau est chargé, ça oui, le vent s'engouffre dans la voile. Je n'ai jamais navigué seule, ça non. Mais j'ai déjà traverser des jungles à pied et sans escorte, j'ai taillé ma route à travers les redoutes au travers d'une vague de zombies sanguinaires, avec les lapins aux trousses, ça oui ! Alors ce n'est pas un peu d'eau qui va me retenir sur le continent, ah ça non... ni les voix des braves gens de la terre. Partons discrètement, ça oui, avant que l'un d'eux ne m'interpelle.

Je lève l'encre, ça oui, et m'éloigne de la côte.
Mon regard étrangement, ne se porte ni vers le port qui s'éloigne, ni vers l'océan qui m'aspire peu à peu.
Ce n'est pas seulement une quête qui commence, mais aussi un voyage intérieur. Une façon d'aller de l'avant tandis que le regard se porte en dedans, ça oui.

Si j'ai de la chance, ça oui, ou si les miracles existent encore, je les retrouverais.
Sinon, je serais ermite des flots, jusqu'à ce que mon esprit s'apaise ou jusqu'à ce que je crève ; ce que je ne souhaite pas particulièrement, ça non.
Pour l'heure, je me laisse guider par le vent et la folie, ça oui.

Bientôt il n'y a plus que de l'eau à perte de vue, aussi bien à la proue qu'au gouvernail, ça oui. Plus rien que le bleu et le bruissement du vent dans la voile. Je me sent comme un petit point insignifiant perdu au milieu de nul part. Mais il vaut mieux être nul part qu'être finie.
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Message  Nerine Dim 13 Déc - 2:11

Le vide... un infinie néant bleu, ça oui.
Ça fait si longtemps que je ne vois que ça…
Depuis combien de temps je suis partie ça oui ?
C'est vrai, ça oui, j'ai arrêté de compter, alors comment je pourrais le savoir ?

Et à quoi bon savoir ? Quand je pense que toutes ces connaissances, ça oui, toutes ces expériences, ce vécue d'une richesse usante... tout ça se perd en mer. Au milieu des vagues, ça oui, ce brillant cerveau qui trône au dessus de mon hyperlordose cervicale n'est qu'un grain de sable inutile et insignifiant.

Je ne suis rien.

Ça si, je suis quelque chose... une tache verte au milieu de l'infinité bleue, ça oui. Si je n'étais rien, je ne serais pas visible sur l'océan.
Comment ça, personne ne me voit ?! JE me vois, ça oui ! L'océan lui ne me voit pas. Il poursuit ses roulis comme si je n'était pas là, alors qu'il n'y a QUE moi, ici, ça oui, et personne d'autre. Ce putain d'océan pourrait avoir un minimum de reconnaissance, un peu de courtoisie pour le petit être que je suis.
Ça non, l'océan ne me voit pas. Peut-être simplement parce que c'est lui qui n'existe pas. Moi je le vois, ça oui et j'y pense que je le vois et pas lui. La mer ne pense pas, donc je suis. Et puisqu'il n'y a que moi et toute cette flotte qui n'est pas, au final, ça oui, il n'y a que moi.

Je suis tout. Et c'est l'océan qui n'est rien.

Mais c'est faux, ça oui. Quand on pense à toute la biodiversité qui siège en son sein, toutes ses particules de vies qui nagent des profondeurs à la surface... on s'en fout ! Eux non plus je ne les vois pas. Pas plus que ce foutu bateau dont j'étais partie à la recherche.
Il n'y a rien ! Plus rien, ça non... que moi... moi...moi moi moi !
et... un peu de rhum, ça oui (ce qu'il en reste) et mes orteils qui frétillent pour se convaincre qu'eux aussi existent et qu'ils ont un pouvoir sur le monde qui les entoure. Ça oui, ils ont le pouvoir de le meubler, ce monde, tout ce rien qui m’entoure.

Ma nouvelle famiiiiiille... ça non, pas si nouvelle que ça. J'ai toujours eu des pieds avec cinq orteils sur chaque.
Quoique maintenant, ça oui, j'ai comme un doute... cinq, vraiment, ça oui ? Comme mes deux index de ma main droite quand je la bouge plus vite que mes yeux ? On s'en fout, ça oui, de toute façon ça fait belle lurette que j'ai arrêté de compter... mais comment je sais que ça fait longtemps si justement je ne compte pas les jours pour savoir. Ca non ça ne va pas recommencer !

Je pourrais leur donner des noms ça oui, à chacun, pour leur donner de l’importance. Comme ça, ils meubleraient un peu plus mon espace.

Scrotum… mais qu’est-ce que je fout ?

Je regarde, ça oui, l’horizon au travers d’une bouteille à présent presque vide. Et cet horizon, ça oui m’apparaît encore plus vide que cette bouteille. Autrement dit, ça oui, mes yeux fixent le vide.
Je vais devenir folle ça oui.

Trop tard… je suis folle. C’est d’ailleurs pour ça que je me retrouve ici, ça oui.

Mes pauvres z’orteils… vous avez froid, hein, ça oui. Et mal ça oui aussi. La peur de ne plus être vous donne des crampes. Et moi qui suis incapable de vous nommer, parce que pour vous donner un nom à chacun, il me faudrait vous différencier, ça oui, vous dénombrer, vous compter pour ne pas donner un nom de trop ni un de moins.
Me voilà dans la situation absurde où je ne compte pas mes zorteils, mais où ceux sont eux qui comptent sur moi.

Et quand j’aurais fini de vider la dernière bouteille, ça oui, je n’y penserais même plus. J’oublierais peut-être cette évidence, ce raisonnement d’ivrogne qui pourtant me parle de l’essentiel, ça oui.
Je veux vivre, ça oui, exister. Et être même au mépris du monde qui me porte.
Même dans la solitude, ça oui, je ressent ce besoin d’entendre ma voix. Pas celle de la mer, la mienne seulement.
Si l’eau venait à disparaître, je serais toujours là, moi, ça oui. Et tant qu’il y a du rhum, je me fiche pas mal qu’il y ait de l’eau ou pas. En plus, elle est dégueu c’te flotte. La navigation serait tellement plus simple si les bateaux flottaient directement dans les bouteilles de rhum.

… ça oui, je suis bel et bien beurrée. Et autant l’océan n’a pas l’air de tendre à disparaître, autant je ne peux pas en dire de même du rhum. Et ça, ça oui, c’est déjà plus embêtant.

Les réserves s’épuisent, ça oui. Et sur ce bateau il n’y aura bientôt vraiment plus que moi et mes zorteils. Je doute que les rognures d’ongles, ça oui, soient bien nourrissantes. Si nous voulons continuer à exister, ça oui, il va falloir retourner sur la terre, ah ça oui.


Un moment de silence, ça oui.
Je pose la bouteille pour regarder le large tel qu’il est vraiment.
Sur le moment, ça non, je n’ai pas de mot pour le définir, ni pour me dire ce que je ressens.
Mais cette douleur que je m’inflige se termine par un soupir aussi lourd qu’un orage en été.
Un orage mais pas de déluge, ça non. Mes yeux gardent encore en dedans les flots de mon âmes. Qu’il est dur de lâcher, prise, ça oui.
Ça demande du temps ça oui. Temps que je ne compte plus.
Et il y a plus urgent, ça oui, pour le moment que de compter.

…Bien. Rentrons, ça oui.
A en juger la position des étoiles, la terre ferme se trouve… par là.
Allons-y, ça oui, petits zorteils. Bientôt je vous redonnerais autre chose que les planches du pont à fouler.
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