"Rendez vous cette nuit dans ma cabine. "

Est-ce qu'il y est, ça oui ? Est-ce qu'il m'attend vraiment ?
Peut-être qu'il dors déjà, ça oui, pensant que je vais me défiler, ça oui.
Toujours à me provoquer, ça oui, à me chercher, me tester et à faire des mystères pour agacer ma curiosité, ça oui.
Ce coup-ci, il m'avait parlé d'un "teste de motivation" dont il aurait usé pour la dernière rebelle qui nous a rejoint. "La méthode spéciale Six", ça oui, qu'il a dit. Et évidemment, il n'aurait pas pu me l'expliquer simplement, ça non. Si je veux savoir, ça oui, en quoi ça consiste exactement, il faut qu'il me montre.
Mais à tout les coups, ça oui, ya rien a montrer. Il faisait le malin, comme d'habitude. Genre "attention, après ça tu ne sera plus jamais la même", vachement dangereux pour mon intégrité physique et tout. Moi je pense qu'il essaie surtout de me faire peur ça oui. Évidemment, le tout saupoudré d'allusion très... zumaines, ça oui. Exprès pour me faire tiquer, ça oui, j'en suis sûre ! A croire qu'il prend un malin plaisir à me mettre mal à l'aise.
Bon, il faut dire que je ne suis pas innocente ça non plus. Dès le premier jour où j'ai posé le pied sur la jonque, j'ai commencé à l'embêter, ça oui...
Enfin bref, sans doute une connerie de plus pour me faire tourner en bourrique.

A moins que... et si c'était vrai ?
Ou c'est peut-être un prétexte pour... ça non ! surement pas. Impossible. Je vais quand même pas croire ses bêtises.
Il me cherche ça oui ! Il va me trouver. Pas question que je me dégonfle, ça non.

J'y suis, ça oui, devant la cabine du capitaine. Il m'y a donné rendez-vous cette nuit, ça oui. Évidemment ça peut pas se passer en plein jours, ça non, comme par hasard. Comme si j'avais pas déjà tendance à l'insomnie !
Bon, c'est vrai que j'aurais pu y aller un peu plus tôt ça oui. J'ai perdu du temps à faire les cents pas dans les couloirs, ça oui, en me demandant si ça valait bien le coup. Mais après tout, qu'est-ce que je risque ? De toute façon, il va sans doute rien me faire. Au pire, trouver un autre moyen de me foutre la pression pour mieux se défiler. Et puis se défiler pour quoi d'ailleurs ? Et s'il essayait vraiment de... ça non, voyons ! mais qu'elle idée.

Scrotum ! en plus maintenant, je tic. Ah ça non, pas question que j'entre comme ça. Je ne vais pas lui donner ce plaisir.
On se détend, ça oui et on pense à autre chose.



Après un certain de temps de méditation afin d'entrer dans de bonnes condition, ça oui, je me décide à frapper à la porte.
Et tant que je suis lancée, ça oui, je n'attend pas trop longtemps la réponse, ça non, quelques secondes tout au plus, et j'entre, ah ça oui.

Pas le temps de dire un mot qu'il m'écarte de la porte pour la fermer à clé, ça oui.
Pas très rassurant, ça non. C'est pour éviter que quelqu'un entre ou c'est pour pas que je m'enfuie ? Le fait qu'il mette la clé dans sa poche au lieux de la laisser sur la serrure me suggère plutôt la deuxième option, ça oui. Vraiment pas rassurant, ah ça non. Remarque, c'est peut-être bien ce qu'il cherche, à me faire peur. Enfermée seule avec lui, la nuit, avec pas trop de lumière... belle mise en scène.
Je ne vois pas bien son visage mal éclairé, ça non, mais j'imagine qu'il est fière de lui.
Mais il en faudra plus pour me déstabiliser !

Déshabille toi.

hein ?!

Quoi ? là ? comme ça ? direct d'entré ? Enfin direct ou pas, là n'est pas la question.

-Mais et...euh

méléna ! je tic bien copieusement, ah ça oui. Et en plus je bafouille !
Tout mes efforts pour rester imperturbables réduis à néant par deux mots ? Certainement pas ! Allez, on se reprend !

-Comment ça "déshabille toi" ?
Tu te moques de moi, ça oui ?!

Si c'est pour me ridiculiser, c'est pas gentil, ça non !

-Sinon quoi ?!

"Obéis", ça non c'est un mot qui ne fait pas parti de mon vocabulaire.
Le défis dans le regard, mais la voix peu assurée. Ça non, j'en mène pas large.
Et pourtant je ne recule pas... ou alors juste d'un pas... un tout petit...
Si ça se trouve c'est exactement ce qu'il veut, ça oui, que je râle, que je refuse et que je me sauve. Comme ça, ce ne serait pas lui qui n'avait rien à montrer mais moi qui aurait refusé. Mais ah ça non ! Tu ne m'auras pas comme ça !

D'un autre côté, pourquoi aurait-il fermé la porte à clé s'il voulait que je m'enfuis ?
Pour l'ambiance. Pour me faire peur, ça oui. Mais si je refuse, il ira lui-même ouvrir la porte en se moquant.
Mais s'il y avait vraiment un test... ?

J'hésite, ça oui et je tic.
C'est embarrassant.

-très bien, ça oui !

Je me retourne et enlève ma robe, rapidement. Puis, en culotte, les bras croisés sur la poitrine, je lui fait face à nouveau, cachant mon inquiétude sous un air renfrogné, avec la paupière qui danse.

-Alors ça oui, c'est quoi la suite du test ?

Et mais où il va comme ça ?
Ah ça oui, derrière, évidemment pour que je ne vois pas ce qu'il fait.
Mais d'ailleurs, ça oui, qu'est-ce qu'il fait ? Et c'était quoi ce sourire ?
Au moins maintenant, il ne voit plus que je tique.
Je l'entend, ça oui qui respire. Pourquoi il respire aussi fort ?
J'ai la chair de poule.

Bon, c'est quand qu'il se dégonfle ?!

Un tintement, ça oui. Qu'est-ce qu'il fait avec sa ceinture ? Il est quand même pas en train de... non, c'était quand même pas pour ça... ?

Un léger sursaut, ça oui, quand je sent ses mains sur moi.
J'y crois pas...
J'ouvre la bouche, ça oui, mais aucun son ne sort.
Et je frissonne, ça oui, à sa voix dans mon oreille.

A genoux ?
Mais qu'est-ce qui dit ? pour quoi faire ?
Il trouve pas que je suis assez petite comme ça, ça oui ?!
A genou
Et pourquoi pas assis, couché, la patte, tant qu'on y est ?!
Tu parles d'un teste !

-Et pourquoi "à genoux", ça oui ?

Ses caresses, ça oui... je n'aurais pas cru. Lui, ça oui ? vraiment ?
et puis... pourquoi pas ?
Puis mes pensée deviennent comme mes mots un instant avant ma question : absentes.
En cet instant où mon corps frissonne, je n'ai plus de questions, mais comme un vide à la place.
Juste un cœur qui bat sous ma poitrine, sous mes mains, sous les siennes. La flamme de la vie qui danse sur un air de tango.
Et quand ses mains glissent sur ma taille, ça oui, la gauche ne me semble plus aussi froide, ça non.
Les deux toutes aussi fermes me... soulèvent ?
Et il se marre ?

Retour à un état plus conscient, ça oui.
Mais sur le cul, et ce dernier dans le hamac.
Mais qu'est-ce qu'il fout ? Qu'est-ce qu'il lui prend ? C'est quoi c'bordel ?!
Ça non, je ne suis pas encore bien réveillée.
Est-ce qu'il... ? Il s'est encore payé ma tête ! Et j'y aurais cru ? J'aurais même rien dit ? ohlala !

Le test, ça oui. J'en oubliais ce foutu soit-disant teste !
Et je tic. Et j'en sûre, aussi ça oui, je rougis. Bah oui, je suis verte mais ça ne m'empêche pas de rougir, ça non, j'ai pas le sang bleu ! ohlalalalala !!
Rabougrie dans le hamac, ça oui, entortillée dans le plaid qui me recouvre jusque sur le nez, laissant juste un passage pour une main que je viens plaquer sur mon œil gauche et une bonne partie de ma face.

Et en plus il m'embrasse sur mon oreille, ça oui ! Je lui ai pourtant déjà dit un paquet de fois, ça oui, que les oreilles, c'est sensibles ! Il le fait exprès ! ... bon c'est vrai que j'ai juste dit "c'est sensible", sans plus de détail, ça non, sur mon ressenti, l'effet que ça pouvait avoir... J'ai chaud sous ce plaid ! J'ai honte aussi. Pourtant c'est lui qui devrait avoir honte de me jouer des tours pareils ! Quel espèce de... de ... de zumain, ça oui !!

Je me sent ri-di-cule.

-humm...mi-interrogation mi-grognement. Tu testais quoi au juste ? Faudrait qu'tu m'expliques, ça oui.

Scrotum ! pas facile, ça non de reprendre une contenance après un coup pareil.

Si je lui en veux ? Honnêtement...

-ça oui

Mine boudeuse, je ne bouge pas d'une oreille, ça non. Oreille que je trouve entre de bonnes mains, d'ailleurs, ça oui. C'est que je suis bien là, ça oui, sous son bras. Méléna ! je rougis encore et j'ai pas fini de tiquer, ça non.

Mais qu'est-ce qu'il avait besoin de tester ça, aussi, ça oui ! Et il n'aurait pas pu s'y prendre autrement ?
Gros soupir. Besoin de relâcher la pression, ça oui.

J'ai été bêtes de m'imaginer que ça aurait pu être autre chose. Vraiment trop bête. Je me sent minable.
Envie de picoler, ça oui.

Ses lèvres au coin de moins œil me surprennent, ça oui. Je le garde fermé, ça oui, la paupière frémissante.
Et je répond à son sourire, ça oui, par un autre, mais très faible, ça oui, juste un coin de lèvre qui remonte un peu.
C'est rude, ça oui, mais je pardonne quand même, bonne patte malgré mon caractère de chien. Et de toute façon, je ne pourrais pas rester fâcher avec lui bien longtemps, ça non.

Par contre, là, ça oui, je ne suis pas sûre d'avoir bien entendu. Moi, ça oui ? Très jolie ?? Il est sincère ou c'est juste pour me faire plaisir ?

-c'est gentil, ça oui, mais c'est pas bien de mentir.

J'ai la voix un peu tordue, ça oui. La gorge serrée, ça oui. Scrotum, j'ai vraiment très envie de picoler, mais...

-c'est trop tôt pour l'alcool, ça oui.

Un ptit verre, ça oui, je devrais pourvoir supporter. Mais si je commence, ça oui, je sais que je vais vouloir me taper toute la bouteille et que j'en crèverais.
Misère
Et mes herbes sont restées dans la cuisine, derrière la boite à pharmacie, ça oui (pour pas qu'on se plante et que ça n'atterrisse pas dans une salade).
Mais j'ose pas sortir pour aller les chercher, ça non... surtout s'il continue à me câliner l'oreille comme ça.
De toute façon, c'est lui qui a la clé... oui bon, je sais, ça oui, je me cherche des excuses pour rester ça oui. Je pourrais très bien lui demander de m'ouvrir, mais j'ai pas envie, ça non. Pourtant j'aime pas qu'il me voit comme ça, ça non. D'ailleurs JE n'aime pas me voir comme ça non plus. Je cache ma gène comme je peux et j'essaie de ne pas perdre les pédales.
Sa présence me tranquillise, ça oui... un peu... juste assez pour que la situation ne me fasse pas fuir. Pourtant je suis mal... à cause de lui, ça oui, de ce sale tour qu'il vient de me jouer. Ironie du sort.
... ça non, c'est pas sa faute si je me sent aussi mal... enfin si, un peu, mais pas uniquement. Je le sais, ça oui, que j'ai un problème, sinon je n'aurais pas besoin de me droguer pour compenser le manque d'alcool, ça non. Foutu mal-être !

Pour l'instant, sa main sur mon oreille semble freiner le flot de penser qui m'embarque habituellement à cette heure-ci.
Ça ne durera pas, ça non, alors autant en profiter et essayer de ne pas se prendre la tête.

ça non... il l'a ouverte...
Je regarde le liquide couler dans les verres, ça oui. Ce clapotis quand il verse et l'odeur, ça oui, l'odeur ! J'en ai l'eau à la bouche.
Allez, ça oui, il a dit "juste un petit"... un tout petit verre de rien du tout, ça peut pas me faire de mal. Au pire, ça stagnera un peu longtemps dans mon sang, ça oui, pas très grave... et la ventilation, ça oui, on élime aussi de l'alcool par le système pulmonaire. Ça compense pas totalement l'absence d'un foie, ça non, mais ça peut me donner une petite marge.
Et de toute façon, c'est JUSTE un petit verre. Ça non, pas la peine de repérer où il met la bouteille, ah ça non !

Il me parle, ça oui. Tant mieux, ça me distrait de la bouteille.
Mais j'ai un mal fou à croire ce qu'il me dit, ça oui.
En tout cas, une chose est sûre, il aime me faire tourner en bourrique.
Quand je tic, que je suis nerveuse, que je suis en manque d'alcool ou de drogue ou quand je rougis, ça oui, c'est pas la peine de me le faire remarquer ! Rien de telle pour que ça empire.
Je tente de rester stoïque, ça oui, même si je prends des teintes de plus en plus vives et que je bat salement de la paupière.
Et je marmonne entre mes dents:

-ça oui, incorrigible...

Ca oui, il est tard. Il doit avoir sommeil. Il est peut-être temps que je file, ça oui.
Je fini mon verre... trop bon ça oui...
Puis je récupère ma robe, la remet sans sortir de sous le plaid et le rejoint vers la porte ça oui.

-Ça oui, il est tard. Je vais pas te déranger plus longtemps, ça non.

Je m'apprête à franchir la porte ça oui, mais ya un truc qui me chiffonne. L'impression d'avoir oublier quelque chose, ça oui.
Ah ça oui, je sais !

-je vais peut-être te rendre ton plaid, ça oui, quand même. Un peu plus et je partais avec.

Mais alors que j'enlève le plaid de mes épaules, ça oui, je me rend compte qu'il n'y a pas que ça que j'ai oublié de laisser là.
La bouteille, ça oui. Qu'est-ce qu'elle fait dans ma main ?

-Ah...euh...ça aussi peut-être, ça oui...

Ça oui, je dois le rendre, mais... c'est dur, ça oui. Ma main ne veut pas avancer. Je dois faire une effort magistral pour lui tendre la bouteille juste de quelques centimètres, ça oui. Et mes doigts ne desserrent pas, ça non. Je crois que s'il l'attrape il pourrait me soulever avec tellement je la cramponne.
C'est pas bien ça non. Pas bien du tout. Il faut rendre, ça oui. Mais c'est si dur...

La porte se referme, ça oui, eux de l'autre côté et moi dehors, ça oui.

-gnnnniiiiaaaaaah

Me voilà en train de geindre et mes ongles raclent sur la porte. Je sais pas ce qui me prend, c'est plus fort que moi.
Des copeaux sous les griffes, ça oui, je me reprend, serre les poings et lâche un gros soupir.
Plantée là, ça oui, devant cette porte fermée, comme résignée, je laisse quelques mots, ça oui, un murmure.

-moi aussi, ça oui, je t'aime...

Il ne l'a sans doute pas entendu, ça non.
La nuit est fraiche, ça oui. Je m'en retourne vers ma cabine.